L’ancien château Breda à Terdeghem
Construit en 1835, le « château » Breda ou « Villa della Breda », situé sur la commune de Terdeghem, est à son origine un édifice destiné à accueillir une société d’agriculture du canton de Steenvoorde, qui malheureusement ne verra jamais le jour faute du soutien des autorités et des propriétaires ruraux locaux. En 1836, son propriétaire – un certain Yves Boone1 – décide de consacrer le rez-de-chaussée à l’établissement d’un café-auberge. Des écuries et des cuisines étaient jointes au bâtiment jusqu’à leur destruction lors de la Première Guerre mondiale. En 1844, Yves Boone vend la bâtisse à Yves Bollaert.
Son architecture originale peut se rapprocher de celle du château Vandamme de Cassel, notamment les côtés arrondis de la demeure.
À louer pour le 1er mai prochain pour usage de restaurant, café, estaminet, le rez-de-chaussée d’une jolie maison de campagne, expressément bâtie à neuf pour cet usage, sous l’enseigne de la Villa della Breda.
Ce joli bâtiment, construit dans un genre nouveau, situé sur une éminence, offrant une très belle vue, est situé à moins de cinq minutes de la ville, au bout de la chaussée de la rue de Lille.
Ce rez-de-chaussée est composé :
d’un vestibule ;
d’une salle à manger et chambre à coucher à l’entresol avec escalier ;
à gauche, la cuisine et salle de bain à l’entresol, avec escalier à part ;
un grand salon pouvant servir pour la tenue d’un billard et cabinet de lecture.
Un puits a été creusé sous le vestibule et les eaux jaillissant de la marne jaune sont aussi abondantes que salubres. Une superbe pompe aspirante et foulante distribue les eaux tant à l’entresol qu’au premier étage.
Cave spacieuse pouvant contenir cinquante tonnes et des caveaux pour dix pièces de vin en bouteilles. Les premier et deuxième étages sont réservés pour l’usage de la société d’agriculture cantonale, qui se forme en ce moment.
Le propriétaire désire que les personnes qui se présenteront aient l’intelligence et l’esprit d’ordre nécessaires à leur état et soient d’une conduite irréprochable.
S’adresser chez Maîtres Haeu et Van Houtte, notaires à Steenvoorde, Maître Venem à Cassel et Maître David à Caestre.
Annonce de location de la Villa della Breda parue dans L’Indicateur des Flandres, 16 avril 1836.
Construit en brique, l’édifice présente des ouvertures en arc en plein-cintre, encadrées de moulures de brique enduite imitant la pierre. Le premier corps de bâtiment est couvert d’un toit à deux pans. Large d’une travée, sa façade-pignon située au sud révèle trois niveaux d’élévation. La partie centrale accueille l’entrée principale encadrée de pilastres en enduit d’imitation. Elle est surmontée d’une imposte vitrée sous un en arc en plein-cintre. Le rez-de-chaussée est éclairé d’œils-de-bœuf surmontés de baies en demi-lune situés de part et d’autre de l’entrée. À l’étage, un grand oculus central est encadré de niches tandis qu’une baie unique éclaire les combles. Un second corps de bâtiment, perpendiculaire au premier, compte deux travées percées de deux rangs de baies droites surmontées de baies en demi-lune. Enfin, une tour semi-circulaire, couverte de zinc, lui est accolée au nord. Elle est accessible par une porte encadrée de pierre de taille et surmontée à l’étage d’une porte-fenêtre en arc en plein-cintre avec garde-corps en ferronnerie et imposte vitrée. Une baie, similaire mais plus petite, éclaire le dernier niveau.
Inventaire de la Région des Hauts-de-France
Son nom viendrait du chemin du Breda proche de la route d’Eecke à steenvoorde. De nombreuses légendes ont existé quant à la fonction de ce bâtiment (tribunal révolutionnaire, loge maçonique, temple protestant ou chambre de rhétorique), colportée notamment par Edouard Beke, l’un des tenanciers du lieu à la fin du XIXe siècle, pour attirer les voyageurs. Elles sont bien entendu sans fondement.
Malgré plusieurs tentatives de restauration et de sauvetage, le « château » Breda, trop vétuste et frappé d’un arrêté de péril, est démoli est mars 2022.
Notes :
1. Yves Théodose Chrisostome Boone est né le 2 mai 1786. Son père était originaire de Watou. Sa mère Marie Beck descendait d’une famille d’échevins de Terdeghem. Il épouse en 1823 Constance Vanneufville, la fille d’un important cultivateur de Saint-Sylvestre-Cappel. Il décède le 9 février 1864 à Terdeghem à l’âge de 77 ans. Il était cultivateur-propriétaire. Il fut adjoint au maire de Terdeghem François Deschodt sous la Deuxième République et le Second Empire. Une note de la sous-préfecture d’Hazebrouck datée de 1855 le décrit comme « assez capable et montrant du dévouement » (Archives départementales du Nord – M 71/3). Son fils, Fidèle Joseph (1832-1899), lui succèdera dans cette fonction municipale avant d’occuper la fonction de maire entre mai 1871 et juin 1899.