L’église de Sercus à la fin du XIXe siècle

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Eglise de Sercus

L’église de Sercus, près Hazebrouck, dans l’ancien diocèse de Thérouanne, appartient en partie à l’époque romane.

Le monument affectait dès l’origine le plan cruciforme, avec tour centrale la nef était probablement flanquée de bas-côtés1.

Il ne reste de cette nef qu’une portion de la façade occidentale, construite en partie en grès ferrugineux à peine taillé, venant du Mont Cassel ou du Mont des Cats, et en partie en craie des environs de Saint-Omer. Cette façade est cantonnée de deux contreforts très plats. Il n’existait certainement de voûtes que sous la tour et dans le chœur.

La tour centrale et le chœur sont bâtis en craie et assez bien conservés. Il semble que la construction ait été commencée par la nef vers 1130 et terminée par le sanctuaire vers 1160. Le centre de la façade, les murs latéraux de la nef, les bas-côtés, le transept, le bas de la tour, les voûtes de celle-ci et du sanctuaire ont été refaits et transformés au 16e siècle et plus ou moins défigurés encore au 18e.

Le chœur est carré et minuscule2, comme à Guarbecques ; le clocher, élevé sur le carré du transept, a un étage supérieur octogone et ressemble beaucoup à celui de Wimille ; par sa décoration plus riche, il rappelle davantage celui de Frencq et surtout celui de Lumbres qui ont été si malheureusement démolis ; il rappelle surtout, parait-il, un autre clocher détruit depuis peu ‘années, celui d’Hondeghem, édifice voisin, contemporain sans doute et beaucoup plus beau. Il semble difficile de comprendre le mobile qui a pu pousser des gens dont quelques-uns devaient avoir une certaine intelligence et une instruction quelconque à détruire des clochers comme ceux d’Hondeghem et de Lumbres dans une région presque entièrement déshéritée de monuments antérieurs au 15e siècle et où les constructeurs modernes ont rarement réussi à produire des chefs-d’œuvre.

On remarquera que le plus ou moins de richesse des monuments tient à la facilité de travail qu’offrent les matériaux beaucoup plus qu’à la date de la construction ainsi le clocher de Wimille est plus simple que celui de Sercus mais lui est postérieur comme l’indiquent les trompes en tiers point, les colonnettes grêles et les chapiteaux à crochets.

Le chœur de l’église de Sercus est percé de fenêtres en plein cintre celle de l’est sensiblement plus grande que celles des côtés. Ces fenêtres sont ébrasées au dedans et au dehors, et accostées extérieurement de colonnettes grêles portées sur des consoles sculptées reliées à un cordon de moulures qui passe sous les appuis. Les fûts des colonnettes sont appareillés avec le parement des murs et ornés à mi-hauteur par une bague simplement torique. Les chapiteaux surélevés ont deux rangs de feuilles recourbées en crochets. Ils soutenaient une corniche qui a disparu à l’exception de modillons que l’on a replacés à l’envers sur les chapiteaux des colonnettes. Les fenêtres ont une moulure d’archivolte en larmier bombé, comme au clocher d’Hangest-sur-Somme. Le cordon qui passe sous leurs appuis est formé de deux tores accolés un peu aplatis. La sculpture des modillons et des chapiteaux montre des feuilles d’acanthe extrêmement refouillées. Les angles du chevet sont cantonnés de quatre contreforts massifs qui par des ressauts multiples s’élargissent rapidement et considérablement de haut en bas suivant le tracé de la courbe de pression des voûtes.

La tour3 est portée sur des arcs en tiers point4 qui ont été repris en sous-œuvre et entre lesquels a été bandée une voûte d’ogives au 16e siècle. Des angles de pilastres couronnés d’un bandeau chanfreiné recevaient les retombées de l’ancienne voûte qui devait être une voûte d’arêtes.

La transition du carré à l’octogone se fait par des trompes demi-côniques, que couvrent, en l’état actuel du moins, de simples talus en triangle renversé. L’étage supérieur est ajouré sur chaque face d’une baie en plein cintre subdivisée en deux formes de même tracé. Sous ces fenêtres, règne un cordon torique et des boudins sont profilés dans chaque angle du lanternon octogone. Les fenêtres ont des archivoltes en coin émoussé reliées entre elles chaque piédroit est garni de deux colonnettes à fût prismatique une colonnette à fût cylindrique porte la retombée centrale le cintre principal est orné d’un tore entre cavets les petits cintres simulés ont une clef pendante en forme de demi-circonférence comme à Guarbecques5 et le tympan est percé d’un petit oculus. Les chapiteaux ont de larges feuilles à volutes ou des godrons les bases sont du type attique les tailloirs sont formés d’un tore et d’un bandeau.

Les sept assises qui surmontent les baies, la corniche portant un chéneau à parapet traversé par de courtes gargouilles, la flèche de pierre aiguë6 percée de lucarnes à frontons, de baies allongées, de petits quatrefeuilles et de trous carrés, datent d’une époque gothique avancée, peut-être du 16e siècle. Cette surcharge a obligé à boucher les baies du clocher.

Les moulures des arcs des baies de la tour et les boudins profilés sur se angles montrent une construction d’époque assez avancée, du milieu du 12e siècle sans doute et les profils et les chapiteaux du chœur semblent lui assigner une date de quelques années plus récente que celle du clocher.

Ce petit monument est assez élégant, et c’est un spécimen très rare dans la région qu’il occupe. Il est à souhaiter qu’il se conserve sans altération nouvelle.

Camille Enlart, Monuments religieux de l’architecture romane et de transition dans la région picarde, Amiens, 1895, pp. 235-239.

Notes

1. Cette nef mesure 15 m. 95 de long sur 6 m. 50 de large.
2. II mesure 4 m. 10 de profondeur sur 6 m. 50 de large ; ses murs ont 6 m. 25 de haut, toutes mesures prises dans œuvre.
3. Cette tour est haute de 15 m. 90 jusqu’à la base de la flèche.
4. Ces arcs, dont les impostes sont plus basses que celles des supports de l’ancienne voûte, peuvent avoir été soit simplement moulurés au 15e siècle, soit bâtis comme soutènement sous des arcs plus anciens. Les enduits qui salissent les murs ne permettent pas de le discerner.
5. Cette disposition est un des nombreux détails communs à l’école germanique et à celle de la Normandie. On la rencontre dans beaucoup d’arcades germaniques, en Normandie dans des corniches telles que celle de Colleville. Dans le nord de la France, elle existe dans des arcatures de corniches à Ames, Guarbecques et Houllefort et dans des baies de clocher à Guarbecques et à Tilques. Voir, au sujet de cet ornement, ma discussion sur les claveaux lobés du portail du Wast.
6. Haute de 14 m. 50.

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Publié le 15 juin 2022, modifié le 15 juin 2022 - Imprimer cet article

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